2/02/22: 300 000 personnes vivent dans la rue en France, le chiffre a doublé en 10 ans
2 février 2022 à 20h35 - Modifié : 18 février 2022 à 16h40 par Caroline Delattre
300 000 personnes vivent dans la rue en France, le chiffre a doublé en 10 ans.
C’est l’un des constats de la Fondation Abbé-Pierre qui publie aujourd’hui son 27 ème rapport annuel sur le mal-logement. Pas moins de 10 millions de français vivent dans des logements indignes, confrontés à des impayés de loyer, à des situations de surpeuplement ou encore contraintes de vivre chez eux sans chauffage. L'association alerte sur une "crise qui vient", fruit des "attaques" contre le secteur HLM et les locataires modestes depuis cinq ans.Pour elle, le logement a été un "parent pauvre du quinquennat d’Emmanuel Macron.Malgré quelques avancées en faveur des sans-domicile et "le décollage de la rénovation énergétique", le quinquennat a été marqué, selon l'association, par "des coupes budgétaires inédites", des "attaques" contre le logement social et des "atermoiements" face à l'envolée du marché immobilier. La Fondation Abbé Pierre y voit le fruit d'un désengagement de l'Etat dans son soutien aux ménages modestes. La Fondation Abbé Pierre dans son rapport 2022 sur l'état du mal-logement en France.Un autre "pilier de la politique du logement" a vu son budget raboté : le logement social. "Entre 2018 et 2022, l'Etat aura privé les organismes HLM de six milliards d'euros", une "somme considérable" qui aurait pu permettre de "construire plus de 200 000 logements sociaux supplémentaires dans cette période", selon l'association. Malgré une hausse de la demande, le nombre de nouvelles constructions a reculé dans le parc social, au détriment notamment des jeunes : "Sur les 60 000 logements [étudiants] promis, seuls 30 000 seront produits à la fin du quinquennat."Une réponse "très timide" à la flambée des prix.Tous secteurs confondus, "la production de logements s'est affaissée", enfonce la Fondation, tout en reconnaissant le rôle aggravant de la crise du Covid-19. "La pénurie de logements dans les zones tendues a donc perduré, voire s'est accrue, se traduisant par des prix à l'achat et à la location insoutenables pour les classes populaires et moyennes."Dès lors, face à un parc social engorgé, comment permettre à chacun de se loger, notamment dans les métropoles ? "Le gouvernement a suivi une politique très timide en matière d'encadrement des loyers", regrettent les auteurs. La régulation des locations de type Airbnb, qui accentuent la pénurie, est aussi jugée insuffisante. Idem pour les sanctions contre les villes ne respectant pas les critères de 20 ou 25% de logements sociaux.